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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/125

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du Chev. Grandisson.

Me croyez-vous capable de faire quelque proposition qui n’en demande point ?

Monsieur, je crois devoir m’expliquer. Vous avez conçu contre moi des préjugés mal fondés. Vous semblez porté à m’attribuer des malheurs auxquels vous ne sauriez être plus sensible que moi. Je connois mon innocence. J’ai droit de me croire offensé par les vaines espérances qu’on m’a données volontairement, lorsqu’on ne peut me reprocher de les avoir perdues par ma faute. Quelle crainte peut entrer dans un cœur innocent & injurié ? Si j’avois marqué de la foiblesse, elle n’auroit pu tourner qu’à ma perte. N’étois-je pas au milieu de vos Amis, avec la seule qualité d’Étranger, & pouvois-je vous éviter, quand j’en aurois été capable, si vous aviez pris la résolution de me chercher ? J’irai toujours en homme d’honneur au devant d’un Ennemi, plutôt que de l’éviter comme un coupable. La fuite passe dans mon Pays pour une confession du crime. Si vous m’aviez fait des demandes auxquelles il ne m’eût pas convenu de répondre, je vous en aurois fait mes plaintes, peut-être avec la même tranquillité que vous me voyez ici. Si vous aviez refusé de m’entendre, je n’aurois pas négligé ma défense ; mais, pour le monde entier, je n’aurois pas blessé, si j’avois pu l’éviter, un Frere de Clémentine & de Jeronimo, un Fils du Marquis & de la Marquise Della Porretta. Si votre emportement m’eût donné