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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/126

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Histoire

sur vous quelque avantage, tel que celui de vous désarmer, je n’en aurois usé que pour vous présenter nos deux épées, & mon estomac ouvert. Il est déja percé par les afflictions de votre chere Famille. Peut-être aurois-je seulement ajouté, vengez-vous, si vous croyez avoir reçu de moi quelque offense.

Aujourd’hui que je suis à Naples, je vous déclare, Monsieur, que si vous êtes déterminé à m’accompagner avec d’autres intentions que celles de l’amitié, je ne tiendrai pas d’autre conduite. Je me reposerai sur mon innocence, & sur l’espoir de vaincre un cœur généreux par la générosité. C’est aux coupables à chercher leur sûreté par la violence & le meurtre.

Quel orgueil ! me dit-il d’un ton piqué, en me mesurant des yeux. Eh ! sur quoi, s’il vous plaît, fondez-vous l’espérance d’un avantage ?

Quand je serai calme, & disposé seulement à me défendre, quand je verrai un Adversaire emporté par sa passion, comme il arrive toujours aux Agresseurs, je croirai la victoire à moi. Mais contre vous, Monsieur, si sans perdre votre estime, je puis me dispenser de tirer l’épée, jamais elle ne verra le jour. Il est impossible que vous ne connoissiez pas mes principes.

Je les connois, Grandisson, & je sais qu’on vous attribue autant d’habileté que de courage. Croyez-vous que j’eusse prêté