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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/131

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du Chev. Grandisson.

M.

Je n’ai rien d’heureux à vous écrire. Nous sommes tous ici dans une profonde affliction. Les Domestiques ont ordre de ne faire que des réponses vagues à toutes les informations, & de cacher soigneusement la vérité.

Votre Ami, le Seigneur Jeronimo, a souffert une rude opération. On n’en espere plus rien ; mais depuis le cruel service qu’il a reçu des Chirurgiens, si sa guérison n’est pas plus avancée, on se flatte du moins que le mal qu’on craignoit est plus éloigné. Qu’il est à plaindre ! Cependant, à la fin de ses douleurs, son inquiétude est retombée sur sa Sœur & sur vous.

En arrivant à Boulogne, j’ai trouvé Clémentine dans une situation déplorable ; quelquefois hors d’elle-même, quelquefois taciturne ; liée, parce qu’elle avoit fait appréhender quelque entreprise funeste : on avoit été forcé de lui lier les mains. Il me semble qu’on s’y est pris fort mal dans la conduite qu’on a tenue avec elle. Tantôt de la douceur, tantôt de la sévérité. Ils n’ont suivi aucune méthode. Elle fit des instances extrêmes pour obtenir la liberté de vous voir avant votre éloignement. Elle leur demanda plusieurs fois cette grace à genoux, avec promesse d’être plus tranquille s’ils avoient cette complaisance pour elle, mais ils craignirent d’augmenter le mal. Je les