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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/151

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du Chev. Grandisson.

fille recevoit ordre de sortir de l’appartement. Il étoit échappé à sa Maîtresse quelques mots dont on vouloit la punir. Madame de Sforce, qui ne poussoit pas la barbarie si loin que sa Fille, n’étoit pas au logis. Laura eut la curiosité de prêter l’oreille. Elle entendit de la bouche de Daurana des menaces fort vives, avec d’autres marques d’emportement, & de celle de Clémentine, qui ne put résister sans doutes aux injures de sa Cousine : que vous ai-je fait, Daurana, pour me traiter si mal ? Vous n’avez plus d’amitié pour moi. Vous voyez ma situation, pourquoi m’insulter si cruellement ? Si la main du Ciel s’est appesantie sur moi, ne me devez-vous pas un peu de pitié ? Cette cruelle Cousine lui répondit que tout ce qu’on faisoit étoit pour son avantage, & que ses plaintes mêmes, qui n’avoient pas toujours été si sensées, en étoient une bonne preuve. Hélas ! reprit-elle, je vous ai cru de la tendresse pour moi. Je n’ai plus de Mere, & vous en avez une. La mienne étoit la meilleure de toutes les Meres, mais elle m’abandonne ! ou plutôt, n’est-ce pas moi qui ai le malheur de m’être séparée d’elle ? Je ne sais lequel des deux !

» Daurana, irritée apparemment de ces tendres plaintes, la menaça du corset de force, punition qui causoit toujours beaucoup d’épouvante à la malheureuse Clémentine. Laura lui entendit faire des