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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/150

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Histoire

là-dessus, lui repliqua-t-on avec la même dureté, tout ce qu’on fait est pour son avantage.

La tremblante Clémentine le reconnut sans peine, & le supplia, les mains jointes, de la faire mettre dans un Couvent pour y prendre le voile, pour s’y consacrer éternellement à Dieu. Il paroît que c’étoit une résolution qu’on s’efforçoit de lui inspirer. Madame de Sforce ne dissimuloit point qu’elle regardoit ce parti comme le seul dont on pût attendre le rétablissement de sa Niece. Elle ajouta que sans vouloir imposer de loi à personne, elle étoit persuadée que sa Famille offensoit le Ciel en s’opposant aux desirs d’une jeune personne qui vouloit se donner à Dieu, & que sa maladie en étoit peut-être une punition.

Dans sa Lettre à Madame Bemont, le Directeur attribue cette conduite de Madame de Sforce à des motifs intéressés, & celle de la Signora Daurana aux mouvemens d’une ancienne jalousie pour les qualités supérieures de sa Cousine. Il apporte un exemple fort révoltant de leur cruauté, & tout pour son avantage, chere Lucie ! Que mon cœur se soulève contre ces deux Femmes ! Laura, sa nouvelle Servante, sous prétexte de se confesser au Directeur, lui fit cet aveu les larmes aux yeux. La chose étoit arrivée le jour précédent.

« Lorsqu’on vouloit exercer quelque rigueur sur l’infortunée Clémentine, cette