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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/17

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du Chev. Grandisson.

gea d’y renoncer. Elles demeurerent toutes deux en silence. Camille paroissoit pleurer.

Il est tems, Chevalier, me dit le Marquis. Avancez. Faites-vous appercevoir. Mettez-la sur l’Angleterre, ou sur tout autre sujet. Il vous reste une bonne heure jusqu’au dîner. J’espere que vous nous la ramenerez plus gaie. Il faut qu’elle paroisse à table. Nos convives remarqueroient son absence. Le bruit se répand déja que sa tête est altérée. Je crains, répondis-je, que ce moment ne soit pas des plus favorables. Elle paroît agitée ; & je ne sais si Camille, avec la meilleure intention du monde, ne feroit pas mieux, dans ses occasions, de se prêter un peu à l’humeur de sa Maîtresse. Alors, me dit la Marquise, il seroit à craindre que le mal ne se fortifiât, il peut devenir habituel. Non. Cherchez le moyen d’engager la conversation. Nous attendrons ici quelques minutes, pour vous en donner le tems.

Je m’écartai de quelques pas ; & passant dans l’allée qui conduisoit au Temple, je m’approchai assez pour être apperçu : mais, la voyant assise, je me contentai de faire une profonde révérence. La Femme de Chambre étoit debout, entre deux Colonnes, son mouchoir aux yeux. Je doublai le pas, comme si j’eusse appréhendé de troubler leur solitude, & je passai assez vîte ; mais, ensuite, je rallentis assez ma marche pour entendre ce qu’elles disoient. Clémentine se leva ; & s’avançant à l’entrée du