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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/176

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Histoire

tel que vous. C’est la réponse que je lui fis, Mademoiselle, & je n’en pouvois faire de plus vraie.

Et sur cette réponse, ai-je interrompu, ne serra-t-il pas son Émilie contre son généreux sein ?

Non, Mademoiselle. Il ne m’a point accoutumée à tant de faveur. Mais il loua la bonté de mon naturel. Il m’assura qu’il ne me demanderoit jamais une déférence aveugle, qu’il consulteroit toujours ma raison, & qu’il vouloit que ce fût elle qui me donnât de la confiance pour ses avis. Je ne me rappelle pas tous ses termes, mais c’est à peu près ce qu’il me dit, & bien mieux que je ne puis le répéter. Le nom, Mademoiselle, qu’il me donne le plus souvent, lorsque je suis seule avec lui, c’est celui de sa Fille ; & quoiqu’il me traite toujours avec une extrême bonté, je crois m’appercevoir qu’il n’est pas si libre alors avec moi qu’en compagnie. Pourriez-vous m’en dire la raison, Mademoiselle ? car je suis sûre que je n’ai pas moins de respect pour lui dans un tems que dans un autre. Croyez-vous, Mademoiselle, que cela ne signifie rien ? Il faut bien que cette différence soit fondée sur quelque chose. J’aime à l’étudier, & je cherche, autant qu’il m’est possible, le sens même de ses regards comme celui de ses actions. Sir Charles est un livre que le Ciel m’a donné pour mon instruction. Pourquoi ne l’étudierois-je point ?