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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/184

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Histoire

Grandisson a changé de couleur. Elle a prétendu que c’étoit un tour de son Frere. Juste Ciel ! a-t-elle dit ; je serai donc affligée de toutes parts ? Mais je sais le parti que j’ai à prendre. Je ferai la sotte, pour ne rien faire de pis. C’est ce que j’appréhende peu, lui a répondu sa Sœur. Cependant souvenez-vous des instances de mon Frere, & ménagez un peu Mylord G… devant son Pere & sa Tante, si vous ne voulez pas nous chagriner tous. Comment faire ? a-t-elle répliqué. Notre derniere querelle dure encore. Mais conseillez-lui donc de ne pas faire l’impertinent, ni l’homme trop sûr de ses avantages.

Sir Charles est entré aussi-tôt, donnant la main à Mylady G… Après les premiers complimens : de grace, mon Frere, lui a dit Miss Grandisson, en le tirant vers moi, ne saviez-vous rien de cette visite ? Il est convenu qu’il les avoit invités à dîner, mais sans aucun dessein de la surprendre. Votre consentement, a-t-il ajouté, me causera la plus vive satisfaction, mais vous ne m’en serez pas moins chere si vous le refusez. Elle l’a prié en deux mots, avec toute la force qu’elle y pouvoit mettre en parlant fort bas, d’être moins généreux ou moins pressant. Mylady G…, sans paroître surprise de ce petit dialogue, qui n’avoit duré qu’un instant, s’est levée, l’a prise par la main, & l’a priée de passer avec elle dans le Cabinet voisin. Elles n’en sont