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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/195

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du Chev. Grandisson.

tion, Mademoiselle. Pardonnez, j’ai satisfait à ma parole. Là-dessus, il me quitta, avec une apparence de joie. Comment peut-il être si tranquille !

On se mit à jouer. Je fis ma partie, sans y donner la moindre attention. Émilie soupiroit en regardant ses cartes, & je voyois couler des larmes sur ses joues. Qu’elle aime son Tuteur ! Émilie, vous disois-je… En vérité, je ne sais ce que j’écris.

Pendant le souper, la tristesse fut extrême. M. Belcher vouloit partir avec son Ami. Sir Charles détourna l’entretien, & refusa indirectement cette proposition, en recommandant à ses soins les plus empressés, les deux Dames Italiennes.

Il passa quelques momens seul avec la Signora Olivia, qui revint de ce tête-à-tête, les yeux tout rouges de pleurs.

La pauvre Émilie chercha l’occasion de l’entretenir en particulier. Avec quel empressement ne la chercha-t-elle pas ; Il la prit à l’écart un moment, près d’une fenêtre. Minuit approchoit. Il lui prit les deux mains. Il l’appela son Émilie. Il la pria de n’être pas long-tems sans lui écrire. Elle confesse qu’elle ne put répondre, qu’elle ne fit que soupirer, & qu’elle avoit néanmoins mille choses à lui dire.

Il n’opposa rien à l’espérance que ses Sœurs lui marquerent, de déjeûner le lendemain avec lui. Elles me prierent d’en être. Elles firent la même invitation aux deux Dames