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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/198

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Histoire

difficultés, à faire un long voyage, à s’exposer aux flots, à venir jusqu’en Angleterre, renversées au moment qu’elle les croit remplies ! Elle arrive ; il part : il retourne sur les aîles de l’amour & de la compassion, vers un objet plus cher & plus digne de sa tendresse, dans le Païs qu’elle a quitté pour le venir chercher dans le sien. Sa situation n’est-elle pas beaucoup plus triste que la mienne ? Elle l’est, à mes propres yeux. D’où peuvent donc venir mes plaintes.

Je m’écarte, chere Lucie. Pardon, si vous vous en appercevez. La perte de mes espérances m’a mortifiée, & me rend d’assez bon naturel pour être sensible aux peines d’autrui. Mais si l’adversité produit cet effet, elle m’en sera plus facile à supporter.

Le Docteur m’apprend, qu’Émilie, le cœur saignant de ses propres maux, doit être ici dans un moment. Si je puis servir à sa consolation… mais n’en ai-je pas besoin moi-même ? Nous mêlerons nos larmes, en pleurant l’une sur l’autre.

Mylord W… retourne à Windsor. M. Belcher part dans peu de jours pour Hamsphire, d’où il compte revenir incessamment, pour offrir ses services aux Dames Italiennes. Olivia fait travailler à ses équipages. Elle se propose de faire ici une brillante figure : mais elle n’aura point Sir Charles avec elle. Que sert la grandeur, pour calmer un cœur troublé ? Le Comte de G… & Mylady sa Sœur reprennent le chemin d’Hertfordshire.