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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/197

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du Chev. Grandisson.

ter. Il m’a trouvé les yeux en désordre. Je ne les avois pas fermés de toute la nuit. Cependant, je n’ai su le départ qu’à sept heures.

N’est-ce pas une extrême bonté, dans le Docteur, d’avoir pensé à me venir voir ? Sa visite m’a remise. Mais il n’a pas pris garde à la rougeur de mes yeux. Il m’a dit, que ses Sœurs, ses Beau-freres, son Oncle, étoient aussi affligés que s’il les avoit quittés pour jamais. Et qui sait… Mais je ne veux pas me tourmenter par de cruelles suppositions. Je me souviendrai de ce qu’il disoit hier lui-même, & sans doute, pour nous instruire ; qu’il se promettoit de la joie… Dois-je croire, néanmoins, qu’il ait jugé cette instruction nécessaire pour moi ? Auroit-il pensé à me la donner ? Mais silence, vanité ! Loin, loin l’espérance. N’écoutons que ce qu’il y a de plus opposé. Clémentine est destinée pour lui. Il l’est pour elle.

Cependant, Lucie, que dire de son émotion, lorsqu’il m’a parlé de Mylady D… ? Ah ! je ne souhaite de la devoir, qu’aux mouvemens toujours humains de son cœur. Il a voulu la mienne. Il m’a témoigné la plus tendre amitié. N’en dois-je pas être satisfaite ? Je le suis. Je veux l’être. Ne m’aime-t-il pas d’un amour supérieur aux sens ? La malheureuse Olivia n’a pas cette satisfaction. Qu’elle est à plaindre ! Si je la vois triste & languissante, je ne pourrai lui refuser ma pitié. Toutes ses espérances trompées : les vues qui l’ont engagée à combattre mille