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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/218

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Histoire

Il me semble, Lucie, que je n’aurois point été fâchée qu’il eût eu moins de facilité à pardonner.

À présent, chere Miss, a repris obligeamment la Comtesse, vous me regarderez sans peine, & vous me laisserez revoir votre charmant visage. Elle s’est tournée alors vers moi, elle m’a passé un bras autour du cou ; elle m’a fait la petite malice de m’essuyer les yeux ; elle m’a baisé la joue ; & lorsqu’elle m’a vue un peu remise, elle m’a tenu ce discours :

ma chere, ma charmante Miss Byron… que ne puis-je dire ma chere Fille, dans le sens que je le desire ! car de cette maniere ou d’autre, il faudra que vous me permettiez de ne pas vous donner d’autre nom : dites-moi maintenant, comme si vous parliez réellement à votre Mere, avez-vous quelque espérance que Sir Charles Grandisson puisse être à vous ?

Madame ! lui ai-je répondu, avec beaucoup d’embarras, n’est-ce pas me faire une question aussi dure, que celle que vous lui avez faite à lui-même ?

Oui, chere Miss, aussi dure ; & je suis aussi prête à vous en demander pardon qu’à lui, si vous m’assurez sérieusement qu’elle vous chagrine.

J’ai déclaré, Madame, & c’étoit du fond du cœur, que je le croyois dans l’obligation de se donner à son Étrangere : & quoique je le préfere, en effet, à tout ce