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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/228

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Histoire

Je lui ai fait sur le champ la réponse suivante. « Je ne connois personne qui se nomme Charlotte Grandisson. J’aime tendrement Mylady G… ; mais je ne suis capable de pitié que pour Mylord. Je ne vous verrai pas. Je n’ai pas de conseil à vous donner, hors celui de ne pas vous faire mal-à-propos un jeu de votre bonheur. »

Une demi-heure après, il m’est venu une seconde Lettre.

« Voilà donc ce que j’ai gagné par mon mariage ! Mon Frere absent ; un Mari intraitable ; Mylord & Mylady L… dans son parti, sans s’informer qui a tort ou raison ; le grave Docteur Barlet, dont le silence me condamne ; Émilie qui me laisse, en portant le doigt à l’œil ; mon Henriette qui renonce à moi ! & tout dès la premiere semaine ! Quel parti prendre ? La guerre paroît déclarée. Ne prendrez-vous donc pas la qualité de Médiatrice ? Vous ne voulez pas, dites-vous ? Eh bien, j’y consens. Mais je veux exposer devant vous toute l’aventure.

» Ce fut hier au soir, avant la fin de la premiere semaine des nôces, que Mylord G… prit la liberté de forcer ma retraite, sans avoir consulté mes intentions. Vous observerez, en passant, qu’il lui étoit échappé quelques impertinences pendant le dîner ; mais j’avois passé là-dessus.

» Quelle est cette hardiesse ? lui dis-je. De grace, Monsieur, sortez. Pourquoi quittez-vous la compagnie ?