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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/229

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du Chev. Grandisson.

» Je viens, ma très-chere vie, pour vous faire une priere. L’exorde, comme vous voyez, étoit assez civil, s’il y eût mêlé un peu moins de ses importuns transports ; mais il me jetta les bras autour du cou, en présence de Jenny, ma Femme de chambre. Les folles caresses d’un Mari sont capables de faire de dangereuses impressions sur ces filles. Ne trouvez-vous pas, Henriette, que c’est blesser ouvertement les bonnes mœurs ?

» Je refuse votre demande, & je ne veux pas même l’entendre. Comment avez-vous osé pénétrer ici ? Vous avez dû juger que je n’avois pas quitté ma Sœur pour long-tems. Quoi donc ? la Cérémonie est-elle déja si ancienne, qu’elle autorise un manque de savoir-vivre ?

» De savoir-vivre, Madame ! Il parut vivement frappé de l’expression. Laissez-moi, repris-je, sans lui donner le tems de répondre. Sortez à ce moment. Mes yeux ne dûrent pas être bien méchans dans ma colere, car il me déclara qu’il ne sortiroit point ; & jettant encore une fois ses bras autour de moi, il joignit sa face dure à la mienne. Jenny étoit toujours dans le cabinet.

» À présent, Miss Byron, vous ne m’abandonnerez point dans un cas, où la bienséance est intéressée. Non, j’en suis sûre. Prendre la défense de ces odieuses libertés dans un commencement de mariage, ce