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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/242

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Histoire

plus folle de toutes les idées. Mais si vous le pensez sérieusement, ne prenez-vous pas une excellente voie pour remédier au mal, en vous emportant, en faisant mille grimaces, & poussant la passion, jusqu’à sembler prêt d’écumer par la bouche ? Je lui ai dit, Miss Byron, (le voilà, qu’il le nie s’il en a le front) que l’homme auquel j’ai fait mes vœux avoit un autre visage. Tout autre n’auroit-il pas pris ce reproche pour un compliment à sa figure naturelle, & n’auroit-il pas jetté à l’instant le vilain masque de la passion, pour ne montrer que sa physionomie ordinaire ?

Mylord. Vous voyez, Miss Byron, vous voyez l’air de raillerie qu’elle affecte, au moment même où nous sommes.

Mylady. Vous voyez, Miss Byron, s’il y eut jamais rien de si captieux. Mais savez-vous quelle femme il falloit à Mylord ? Une femme hautaine, qui pût lui rendre colere pour colere. La douceur est mon crime. On ne peut me mettre de mauvaise humeur. Il me semble que jusqu’à présent, on n’avoit pas regardé la douceur comme un défaut dans une femme.

Mylord. juste Ciel ! De la douceur ! Juste Ciel !

Mylady. Soyez juste, Henriette ; il est question de prononcer qui a tort. Mylord G… me présente un visage que je ne lui ai jamais vu avant la cérémonie. Il m’a trompée par conséquent. Je lui montre le visage