Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
du Chev. Grandisson.

Nous étions bien loin de soupçonner que Daurana eût des sentimens fort passionnés pour le Comte de Belvedere, & que son dessein, comme celui de sa Mere, fût de pousser ma fille dans un Couvent, pour succéder à son bien, & pour s’assurer du Comte. Cruelle Cousine ! Cruelle Tante ! Avec les apparences d’une si vive affection pour ma Fille ! Malheureux le jour où nous la remîmes entre leurs mains.

Outre la belle Terre, qu’elle tient de ses Grands-Peres, nous pouvons faire beaucoup en sa faveur. L’Italie a peu de Familles aussi riches que la nôtre. Ses Freres ne considerent point leur propre intérêt, lorsqu’il est question des siens ; & je lui dois aussi cette justice, que sa générosité ne cede point à la leur. Nos quatre Enfans n’ont jamais connu ce que c’est que l’altercation. L’avantage de l’un est toujours celui de l’autre. Cette Fille, cette chere Fille, a fait de tout tems les délices de sa Famille. Quelle seroit notre joie de la voir rétablie, & mariée, suivant l’inclination de son cœur ! Cependant nous avions toujours cru remarquer que malgré les dispositions de ses Grands-Peres, son penchant étoit pour le Cloître. Mais à présent, Chevalier, vous ne vous étonnerez point que nous soyons résolus de nous y opposer. Pourrions-nous consentir à voir la cruauté de Daurana récompensée ? sur-tout lorsque nous ne pouvons plus nous dissimuler les motifs de sa