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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/272

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Histoire

LETTRE LXX.

Le Chevalier Grandisson au Docteur Barlet.

À Boulogne, 22 de Mai.

L’Évêque de Nocera partit hier pour Urbin, dans la seule vue d’être informé par ses yeux de la santé de sa Sœur, & peut-être de disposer le Général à me voir avec politesse. Si j’étois sûr que l’honnête Prélat crût cette précaution nécessaire, mon orgueil en seroit piqué.

Le Comte de Belvedere est d’hier au soir à Boulogne. Il a cherché d’abord à me voir. Dans un assez long entretien, il m’a dit en confidence, qu’on lui avoit fait des propositions de mariage avec la Signora Daurana ; qu’il avoit répondu que son cœur est engagé, quoiqu’avec peu d’espérance ; & qu’il regrettoit peu d’avoir fait une réponse si courte, parce qu’il avoit su avec quelle cruauté & par quels motifs les Auteurs de cette ouverture avoient aggravé les maux du plus parfait Ouvrage de la Nature. Vous voyez, a-t-il ajouté, que je m’explique avec vous sans réserve. Vous m’obligeriez beaucoup, Chevalier, si vous vouliez m’apprendre quelles sont à présent vos propres vues. Mais je serois charmé d’entendre de