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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/279

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du Chev. Grandisson.

l’Évêque, pour lui demander comment Jeronimo avoit passé la nuit. Assez bien, m’a répondu froidement le Général même ; mais je suis trompé, Chevalier, si je n’ai remarqué dans vos yeux un air méprisant. Mes yeux, ai-je répliqué, s’accordent toujours avec mon cœur. Il me semble, Monsieur, que vous attachez peu de prix à mon intention ; & je n’en attache pas plus à la peine de mon voyage, si vos réflexions ne tombent pas personnellement sur moi. Si j’étois à Naples, Monsieur, & chez vous-même, je vous dirois que dans cette occasion, vous ne rendez point assez de justice à l’envie d’obliger. Au reste, je ne vous demande aucune faveur, qui ne soit pour votre avantage autant que pour le mien.

Cher Grandisson ! s’écria l’Évêque. Mon Frere ! dit-il au Général. Ne m’avez-vous pas promis… Pourquoi parler d’Olivia au Chevalier ? Est-ce-là, Monsieur, ce qui vous chagrine ? reprit le Général, en s’adressant à moi. Je me garde bien de faire des réflexions qui puissent offenser un homme de votre importance… sur tout pour les Dames, Monsieur. Un air de raillerie accompagnoit ce discours. Je me suis tourné vers l’Évêque : vous voyez, lui ai-je dit, que votre Frere a pour moi un fond insurmontable d’aversion. Je me souviens qu’à Naples il me marqua des soupçons, aussi injurieux pour sa Sœur que pour moi. J’ai cru les avoir détruits ; mais sa mauvaise