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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/28

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Histoire

quatrieme Frere : je souhaiterois que tous mes Freres fussent dans le sein d’une même Religion. Voulez-vous que le Pere Marescotti entre là-dessus en conférence avec vous ; & s’il leve tous vos doutes, promettez-vous de vous rendre à la conviction ?

Dispensez-moi, Mademoiselle, de toutes les disputes qui touchent la Religion.

Il y avoit long-tems, Monsieur, que je pensois à vous faire cette proposition.

Vous me l’avez quelquefois fait pressentir, Mademoiselle, quoique moins ouvertement qu’aujourd’hui. Mais je suis attaché à la Religion de mon Pays, & ma bonne foi me tient lieu de lumieres. Je respecte les honnêtes gens dans tous les partis.

Fort bien, Monsieur, vous êtes un obstiné, c’est ce que je dois conclure de cette réponse. J’ai pitié de vous. Je vous plains du fond du cœur. Vous avez reçu d’excellentes qualités : je me suis dit quelquefois à moi-même, que vous n’étiez pas fait pour vivre & mourir dans la haine du Ciel. Mais retirez-vous, Chevalier, laissez-moi, vous êtes le plus obstiné des hommes, & votre obstination est de la plus criminelle espece, puisque vous évitez la conviction.

Nous sommes si loin de notre sujet, Mademoiselle, que je prends le parti de vous obéir. Je vous quitte, & je vous demande pour unique grace…

Pas si loin, peut-être que vous vous l’imaginez, interrompit-elle, en tournant la