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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/285

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du Chev. Grandisson.

même promesse. Ô Chevalier ! c’en est fait ; elle a perdu entiérement la raison. Nous avons même été assez barbares pour essayer le nom de Daurana. Elle n’en est point effrayée, comme elle l’a toujours été.

Camille est entrée, d’un air fort joyeux : ma Maîtresse vient de parler. Je lui ai dit qu’elle devoit se préparer à voir le Chevalier Grandisson, & que tout le monde, le Général même, s’empressoit à le caresser. Allez, m’a-t-elle répondu, vous ne me tromperez plus par des fables. C’est tout ce que j’ai pu tirer de sa bouche.

On a conclu de ce changement, qu’elle pourroit me reconnoître lorsque je paroîtrois devant elle ; & nous sommes passés dans le Cabinet de la Marquise. Le Directeur m’avoit fait une peinture fort avantageuse de la Femme du Général, que je n’avois pas encore vue ; & je savois du Prélat, qu’avec tout le mérite de la Marquise, elle avoit reçu, comme elle, une éducation Françoise. Le Marquis, le Comte, le Directeur & cette Dame, dont j’ai réellement admiré les charmes, étoient dans le cabinet. Le Général a pris soin lui-même de me présenter à sa Femme. Nous nous sommes assis. On s’étoit proposé, comme je l’ai remarqué, de réveiller l’attention de Clémentine, en me faisant paroître devant elle, aux yeux de toute l’assemblée. Mais j’ai demandé à la Marquise, s’il n’étoit pas à craindre, qu’une Compagnie si