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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/284

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Histoire

à recevoir ma visite. Ô cher Grandisson ! s’est-il écrié dans un transport de tendresse ; que je plains un cœur aussi sensible, aussi généreux que le vôtre ! Mais qu’avez-vous fait au Général ? Il m’assure qu’il vous admire, qu’il vous aime ; & l’Évêque m’en a fait des félicitations. Il sait que rien ne pouvoit me causer plus de plaisir.

Le Général est entré dans le même instant. Il m’a salué avec tant d’amitié, que j’ai vu éclater la joie dans les yeux de Jeronimo. Dans quel état je viens de laisser ma Sœur ! nous a dit le Général. Je ne sais, Chevalier, comment vous pourrez soutenir ce spectacle. Le Prélat s’est fait voir aussitôt : ô Chevalier ! m’a-t-il dit en entrant, ma Sœur n’est sensible à rien. Elle ne connoît personne. Camille même est étrangere pour elle aujourd’hui. Dans leur premier mouvement, ils avoient oublié que ce récit pouvoit faire trop d’impression sur leur Frere. Après l’avoir consolé, ils m’ont proposé de passer dans l’appartement de M. Lowther, qui est demeuré seul avec son malade.

La Marquise nous y a joints, les yeux tout en larmes. Cette chere Fille ne me connoît point, ne fait pas la moindre attention à moi. Je ne l’avois pas encore vue dans cette insensibilité pour sa Mere. Je lui ai parlé du Chevalier Grandisson. Votre nom ne la réveille point : que penser de cet étrange silence ? Camille lui a dit que vous devez la voir. Ma Belle-Fille lui a fait la