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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/292

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Histoire

avec chagrin, la même impression sur le vôtre.

Quoi Grandisson ? m’a dit assez fiérement le Général ; vous allez jusqu’aux reproches ?

Il n’en est pas besoin, ai-je répliqué, si vous en sentez la justice. Mais, en vérité, ou vous me connoissez mal, ou vous vous oubliez vous-même. À présent, Monsieur, que je me suis expliqué avec franchise, je suis prêt à vous faire des excuses pour tout ce que vous avez pu trouver d’offençant dans la maniere : & prenant brusquement sa main, quoiqu’avec ardeur plutôt qu’avec rudesse ; acceptez mon amitié, Monsieur, & comptez que je mériterai la vôtre.

Il a regardé son Frere. Apprenez-moi, lui a-t-il dit, quelle réponse je dois faire à cet étrange Homme ? Prendrai-je l’air chagrin, ou content ?

Ah ! soyez content, & ne prenez point d’autre air, a répondu le Prélat.

Il m’a embrassé, en me disant que je l’emportois ; qu’il s’étoit allarmé à contretems, & que j’avois marqué trop de chaleur, mais qu’il falloit nous pardonner mutuellement. Sa Femme a paru incertaine, sans pouvoir deviner ce qui donnoit occasion à ce renouvellement d’amitié. Le vieux Comte & le Directeur n’en ont pas été moins surpris. Le Marquis avoit quitté le Cabinet.

Nous nous sommes assis, & nous avons raisonné diversement sur la situation de