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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/293

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du Chev. Grandisson.

notre chere Malade. Mais je ne doute point que si cette entrevue avoit été ménagée avec moins de surprise pour elle, on ne lui eût épargné les accès, qui nous ont tenus en allarme, sur la description de la jeune Marquise. Enfin, Camille est venue, avec l’heureuse nouvelle qu’elle commençoit à revenir, & que sa Mere, pour l’obliger, lui promettoit volontairement, que la permission de la voir ne me seroit pas refusée.

J’ai pris cette occasion, pour remettre à la jeune Marquise les consultations des Médecins d’Angleterre. Le Prélat est passé dans l’appartement de Jeronimo, qu’il jugeoit fort impatient de savoir le résultat de cette premiere entrevue ; & dans la résolution, comme il me l’a témoigné, de ne lui rien apprendre des petites vivacités auxquelles nous nous étions échappés, le Général & moi. Mon espérance, cher Docteur, est de tirer parti, pour mon propre avantage, de l’orgueil & de la chaleur de ce jeune Emporté ; car ne suis-je pas sujet au même défaut ? Ô cher Ami ! combien n’ai-je pas regretté d’avoir manqué de modération avec Ohara & Salmonet, dans une occasion où leur folle violence ne m’obligeoit qu’à les faire congédier par mes Domestiques ? Cependant il est vrai que si je souffrois ici trop patiemment les injures de ces Esprits hautains, qui se croient d’un rang supérieur au mien, & d’un Homme d’épée, moi qui me fais un principe de ne tirer la mienne