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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/296

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Histoire

la tête. Elle m’a regardé ; & jettant les bras autour du cou de Camille, elle a caché pendant quelques momens son visage. Ensuite le tournant vers moi avec quelque air de confusion, elle a retiré ses mains, elle s’est tenue debout, elle m’a regardé d’un œil ferme. Cependant ses regards se partageoient tour à tour entre Camille & moi, & sembloient marquer de l’irrésolution. À la fin, quittant Camille, elle est venue vers moi d’un pas lent ; mais tournant tout d’un coup, elle s’est précipitée vers sa Mere, & lui passant un bras autour du cou, l’autre levé, elle a recommencé à me regarder, comme s’il lui étoit resté quelque doute de ce qu’elle avoit vu. Elle sembloit murmurer quelque chose à sa Mere, mais trop confusément pour être entendue. Elle s’est avancée ensuite vers sa Belle-Sœur, qui a saisi sa main, lorsqu’elle l’a vue près d’elle, & qui la lui a baisée. Elle a marché jusqu’au Général, près duquel j’étois assis, & qui m’avoit prié d’observer tous ses mouvemens. Elle est demeurée debout proche de lui ; & sans lui dire un mot, elle m’a regardé long-tems avec une douce incertitude.

Tant d’avances, qu’elle avoit comme dérobées sur moi, ne m’ont pas laissé la force de me faire une plus longue violence. Je me suis levé ; & saisissant une de ses mains : voyez, Mademoiselle, lui ai-je dit, un genou à terre, celui que vous avez honoré du nom de votre Précepteur. Ne re-