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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/299

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du Chev. Grandisson.

mon départ, qu’elle craignoit de m’avoir offensé, & que c’étoit peut-être une heureuse marque.

Nous sommes entrés. Elle étoit entre les bras de sa Mere, qui la caressoit, en pleurant sur elle. Voici le Chevalier, ma chere Fille ; vous n’avez rien fait qui ait pu l’offenser. Elle a quitté les bras de sa Mere. Je me suis approché d’elle. Tantôt, m’a-t-elle dit, j’ai cru que ce n’étoit pas vous qui étiez assis proche de moi ; mais après votre départ, j’ai reconnu que ce ne pouvoit être un autre que vous. Pourquoi vous êtes-vous retiré ? vous ai-je causé quelque déplaisir ?

Vous n’en êtes pas capable, Mademoiselle ; mais vous m’avez ordonné de vous quitter, & j’ai dû vous obéir.

Fort bien (en regardant sa Mere.) Mais que lui dirai-je, Madame ? Je ne me rappelle point ce que je voulois lui dire. Et s’avançant d’un air empressé vers sa Belle-Sœur ; vous me promettez, Madame, de ne rien dire contre moi à ma Cousine Daurana. La jeune Marquise a répondu, en prenant sa main, qu’elle haïssoit Daurana, & qu’elle n’aimoit que sa chere Clémentine.

Oh ! Je ne lui souhaite la haine de personne !… & se baissant vers moi, elle m’a demandé qui étoit cette Dame ? Le Général s’est réjoui de cette question : c’étoit la premiere fois qu’elle avoit paru faire attention à sa Belle-Sœur, & qu’elle avoit demandé qui elle étoit, quoiqu’elle en reçût des marques continuelles de tendresse.