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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/306

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Histoire

Elle l’a fait appeller. Il est venu sur le champ. Un tendre intérêt, & je ne sais quelle réserve que j’ai cru lire aussi sur son visage, m’ont fait juger qu’il n’ignoroit pas les dispositions de la Marquise, & qu’il comptoit d’être appellé, ou d’avoir quelque part à cette explication, quand je ne l’aurois pas demandé.

J’ai répété devant lui ce que j’avois déja dit à la Marquise de mon inquiétude sur le changement, que je croyois remarquer, depuis le jour précédent, sur un visage où je n’avois jamais vu que de la bonté. Chevalier, m’a-t-elle répondu, si vous ne vous croyez pas tendrement aimé de toute notre Famille, à Naples, à Urbin, comme à Boulogne, vous êtes fort éloigné de nous rendre justice. Elle s’est étendue alors sur ce qu’elle a nommé leurs obligations ; elle les a fort exagérées. Je lui ai protesté que je n’avois pu faire moins, pour répondre aux sentimens de mon propre cœur. C’est à nous, a-t-elle repris, que vous devez laisser le soin d’en juger, & de grace, ne nous croyez pas capables d’ingratitude. Nous commençons à voir renaître avec joie toutes nos espérances, pour une chere Fille, après l’avoir vue dans une extrémité dont il y a peu d’exemples. En honneur, en justice, & par toutes les loix de la reconnoissance, elle doit être à vous, si vous la demandez, aux conditions que vous nous avez autrefois proposées.