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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/309

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du Chev. Grandisson.

reconnoître, que j’aurai servi moins qu’elle ne pense, à son rétablissement. J’ai promis au Général de lui rendre une visite à Naples. Mon absence peut durer trois semaines, & je me tiendrai toujours prêt à revenir au premier ordre. Suspendons toutes sortes de résolutions, jusqu’à la fin de ce terme : & faites fond sur l’honneur d’un homme, qui vous assure encore, qu’il se regarde comme lié, & qu’il vous reconnoît libres.

Ils se sont regardés tous deux sans me faire aucune réponse.

Que pensez-vous, Madame, de cette proposition ? Qu’en dites-vous, mon Pere ? Si je pouvois imaginer quelque chose de plus désintéressé, je vous le proposerois de même.

Le Directeur m’a dit, que j’étois un homme étonnant. La Marquise s’est plainte de manquer d’expressions. Elle a pleuré. Elle a pris le sort à partie. Je n’ai pu manquer d’être extrêmement sensible à son affection : cependant j’ai dit en moi-même, avec un chagrin, peut-être trop visible : quand, quand trouverai-je le retour, que mon cœur orgueilleux croit mériter ? Mais mon orgueil même, dois-je lui donner ce nom ? est venu à mon secours. Ciel ! je te rends grace, ai-je pensé, de m’avoir donné la force de remplir ce qui m’est dicté par la conscience & l’humanité, sans égard pour d’autres Loix. Le Pere m’a vu fort touché. J’avois les larmes aux yeux. Il s’est retiré, pour cacher sa propre émotion. La Mar-