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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/316

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Histoire

que Madame Bemont connoît l’état de mon cœur, & qu’elle en a pitié. Elle souhaite que la raison de sa chere Amie se rétablisse ; elle craint tout de l’opposition : mais il y a, dit-elle, un homme qu’elle souhaite à Clémentine. Il y a une Femme… Providence, c’est à toi que j’abandonne ma destinée.

Madame Bemont raconte que deux jours avant son départ, Clémentine sembloit commencer à croire mon retour peu éloigné. Elle rompit le silence, dans un de ses accès : vingt jours, Camille ! dit-elle, en se tournant vers cette Femme. Elle redevint muette aussi-tôt. La veille du départ de Madame Bemont, pendant qu’elle étoit à travailler avec la Marquise, Camille entra d’un air empressé, de la part du Prélat, qui demandoit à les voir. La Marquise ayant répondu qu’il pouvoit entrer, Clémentine, qui l’entendit venir, quitta son ouvrage, changea de couleur, & prit un air de dignité. Mais lorsqu’elle vit le Prélat seul, le chagrin se peignit sur son visage, comme si son attente eut été trompée.

Adieu, cher Ami ! je compte d’être demain au soir à Boulogne. Vous aurez bientôt une seconde Lettre de moi.