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Histoire

sus, se laissant tomber à genoux près de sa Mere, Dieu tout-puissant, a-t-elle dit en levant les mains & les yeux vers le Ciel, j’implore ton secours pour ma guérison ; dans la seule vue, tu connois le fond de mon cœur, de rendre aux meilleurs de tous les Parens, le bonheur que je leur ai dérobé. Joignez vos prieres aux miennes, vous Monsieur, qui êtes l’Ami de ma Famille, vous, Madame, dont la tendresse va si loin pour moi. Puisse-je obtenir cette grace, & celle de ne jamais rien faire qui déplaise à la plus indulgente des meres ! La Marquise, attendrie jusqu’à me faire craindre qu’elle n’eût besoin de secours, s’est soulagée heureusement par ses larmes. Camille, qui étoit à pleurer aussi dans un coin du cabinet, s’est avancée à ma priere ; & Clémentine a pris l’occasion, pour lui demander son bras. Je sors, nous a-t-elle dit ; mais demeurez, Monsieur ; je reviens à l’instant. Excusez, Madame, (en portant la main à sa tête.) Je ne me sens pas tout-à-fait bien ; j’ai besoin de me retirer un moment.

Nous sommes demeurés, la Marquise & moi, dans une tendre admiration de tout ce que nous venions de voir & d’entendre ; & quoiqu’elle fût accompagnée d’autant de douleur, nous avons trouvé de la consolation à pouvoir nous féliciter des apparences d’un prompt rétablissement. Clémentine n’a pas tardé à rentrer, soutenue par Camille, qui pour la flatter, m’a demandé si je