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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/323

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du Chev. Grandisson.

n’étois pas convaincu que sa Maîtresse jouiroit bientôt d’une parfaite santé ? J’ai répondu, qu’il ne m’en restoit plus aucun doute. La Marquise a confirmé ma réponse, & s’est efforcée, par les plus douces promesses, d’encourager un cœur abattu.

Mais tandis qu’elle se livroit à sa tendresse, elle a cru remarquer à la contenance de sa Fille, qui tenoit les yeux baissés, & dont le visage s’est même couvert d’une charmante rougeur, qu’il se passoit quelque chose de nouveau dans son esprit. Elle lui a demandé, en lui prenant la main, ce qui l’occupoit, & d’où venoit cette rêverie ? Je ne vous le dissimulerai pas, Madame, a répondu Clémentine, d’une voix basse & timide, mais que je pouvois entendre : je serois bien aise d’avoir un moment d’entretien avec le Chevalier. Il est plein de bonté & d’honneur. Cependant je cesserai de le désirer, si vous ne l’approuvez pas. Je ne veux me gouverner que par vos ordres. Au fond, j’ai honte de moi, car ai-je quelque chose à dire, que ma Mere ne puisse pas entendre ? Non, non, Madame. Mon cœur fait partie du vôtre.

Mon Amour ne sera contredit en rien. Camille, retirez-vous avec moi. Elles sont sorties toutes deux.

Clémentine m’a ordonné de m’asseoir près d’elle. J’ai obéi : dans la situation où j’étois, il ne m’appartenoit point d’ouvrir la scene. J’ai attendu ses ordres en silence.