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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/326

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Histoire

portant sujet. Je voudrois agir avec noblesse. Vous m’en avez donné l’exemple. Il faut que je continue d’écrire mes pensées ; je ne puis me fier à ma mémoire, non, ni même encore à mon cœur. Laissons un sujet, dont je me sens trop affectée. J’en parlerai d’abord à ma Mere ; mais ce ne sera point sur le champ, & je vais la prier seulement de revenir.

Elle est passée aussi-tôt dans la chambre voisine, d’où elle est revenue avec la Marquise, qu’elle conduisoit par la main. J’en demande pardon à votre bonté, lui disoit-elle en rentrant. J’avois plusieurs choses à dire au Chevalier pendant quelques momens que j’ai passés avec lui, & rien ne m’est revenu à la mémoire. Je n’ai pas dû me souvenir en effet de tout ce que je n’ai pu dire devant ma Mere. La Marquise n’a pensé qu’à la consoler par les plus indulgentes caresses. Mais tous les efforts qu’elle avoit faits commençant à l’affoiblir beaucoup, elle s’est retirée avec précipitation. Camille l’a suivie. Un instant après, elle est venue presser la Marquise de passer aussi dans le Cabinet ; & je n’ai pas douté qu’il ne fût arrivé quelqu’accident extraordinaire. En effet la Marquise, après m’avoir laissé seul un quart d’heure entier, est revenue d’un air consterné. Que faire, Chevalier ! Elle est aussi mal que jamais. J’ai même observé des symptômes, que je ne lui avois jamais vus.

Il me semble, Madame, qu’elle a dans