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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/34

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Histoire

de la joie ; & me faisant l’honneur de m’embrasser, avec toutes les graces dont le Ciel l’a si richement pourvue, elle m’a protesté que ma conversation seroit un baume pour son cœur, s’il lui étoit permis d’en jouir dans la solitude. Je me dispense d’ajouter que dans les premiers jours, je n’avois rien épargné pour obtenir son affection. Mes soins avoient eu tant de succès, qu’elle m’avoit défendu de lui donner d’autre nom que celui de chere Clémentine. Ainsi je me flatte, Madame, que vous pardonnerez la liberté de mon style.

Hier au soir elle me pria de lui donner ce qu’elle nomme une Leçon, dans quelque bon Livre Anglois. Je fus surprise de ses progrès dans la Langue de mon pays. Ah ! ma chere, lui dis-je, quelle admirable méthode que celle de votre Précepteur, si j’en juge par la connoissance que vous avez acquise en si peu de tems, d’une Langue qui n’a pas la douceur de la vôtre, quoique pour la force de l’expression, elle ne le cede peut-être à aucune des Langues modernes ? Je la vis rougir. Le croyez-vous ? me dit-elle. Et je crus remarquer dans ses yeux, comme sur son visage, qu’il n’étoit pas besoin de la mettre à l’épreuve du côté de Marcelli, ni d’aucun autre homme.

Je commençai, sur le rayon de lumiere que je m’imaginois tirer de ce petit incident, à lui parler du Comte de Belvedere avec éloge. Elle me déclara nettement