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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/358

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Histoire

& que vous auriez la permission de la voir ce matin, pour apprendre ses intentions d’elle-même. Là-dessus, elle se jetta aux pieds de sa Mere, avec les plus vives marques de reconnoissance pour l’affection & la bonté de sa Famille ; & depuis ce moment, elle a paru dans une disposition tout-à-fait différente. Dans l’instant même, elle devint grave, réservée ; mais ardente pour sa plume, dont elle se servit tout le reste du jour, pour mettre au net ce qu’elle avoit écrit sur ses Tablettes. Demain, me disoit-elle quelquefois, demain, Camille, sera un grand jour. Que n’est-il déja venu ! Cependant je le redoute. Comment soutiendrai-je une conversation de cette importance ? Que ferai-je pour être aussi généreuse, aussi grande que le Chevalier ? Sa bonté m’enflamme d’émulation. Que le jour me tarde ; & que n’est-il passé ! Toute la soirée s’est ressentie de cette chaleur. Je crois, a continué Camille, qu’elle a rédigé plusieurs articles, que son dessein est de vous faire signer : mais, sur quelques mots qui lui sont échappés, j’ose dire, Monsieur, qu’ils sont dignes de son ame généreuse, & que vous y trouverez moins de dureté que de caprice.

J’eus beaucoup de peine, a poursuivi la fidelle Camille, à lui persuader, vers minuit, de prendre un peu de sommeil. Elle s’est levée, dès quatre heures du matin, elle a repris sa plume ; & vers six heures, elle m’a chargée de la commission dont je m’acquitte.