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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/365

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du Chev. Grandisson.

Mais, j’ai besoin d’un cœur plus tranquile, & d’une main plus ferme, pour être en état de continuer.

Je me trouve un peu moins agité. Mes premieres lignes demeureront, pour vous faire juger quelle étoit l’émotion de mon ame, lorsqu’en arrivant, j’ai tenté d’écrire mille choses, qui venoient de se passer sous mes yeux.

Camille m’attendoit dans la premiere salle, avec ordre de me conduire chez la Marquise. J’y ai trouvé avec elle le Marquis & le Prélat. Ô Chevalier, m’a-t-elle dit, nous avons été fort troublés par une visite du Comte de Belvedere. Qu’il est à plaindre ! Il nous a dit, qu’il vous avoit vu chez vous.

Il est vrai, Madame. Alors j’ai raconté, à la priere du Prélat, tout ce qui s’étoit passé entre nous, excepté ses derniers mots, par lesquels j’ai cru devoir entendre, qu’il aimoit mieux mourir de la main d’autrui, que de la sienne.

Ils ont témoigné la part qu’ils prenoient à sa peine, & leur inquiétude pour moi ; mais je ne me suis point apperçu, que cet incident eût altéré leurs dispositions en ma faveur. Ils avoient déclaré au Comte, que le rétablissement de leur Fille, paroissant dépendre de la parfaite satisfaction de ses desirs, ils étoient résolus de n’y plus apporter la moindre opposition. La visite de ce malheureux Ami, m’a dit la Marquise, & ses emportemens,