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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/366

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Histoire

qui m’ont fait d’autant plus de pitié, que je le crois menacé de la maladie de ma Fille, m’ont empêchée de voir Clémentine depuis deux heures. J’allois passer chez elle, lorsque vous êtes arrivé : mais Camille ira pour moi.

Ce matin, a continué la Marquise, dans l’entretien que j’ai eu avec elle, elle s’est excusée de vous avoir envoyé Camille, pour vous prier de remettre votre visite à l’après midi. Elle n’étoit pas préparée, m’a-t-elle dit, à vous recevoir. Je lui ai demandé de quels préparatifs elle avoit besoin, pour voir un homme que nous estimons tous, & qui lui avoit toujours marqué tant de respect ? Elle m’a répondu, que devant vous voir dans un jour, sous lequel il ne lui avoit pas encore été permis de vous regarder, elle avoit quantité de choses à vous dire, & qu’elle craignoit de ne pouvoir se les rappeller ; qu’elle en avoit écrit une partie, mais qu’elle n’étoit pas encore contente d’elle-même ; que vous étiez grand, qu’elle vouloit s’efforcer de ne l’être pas moins ; que la liberté, que nous lui accordions, augmentoit son embarras, & qu’elle avoit déja souhaité vingt fois d’être à la fin du jour.

Je lui ai proposé, a poursuivi la Marquise, de prendre plus de tems ; un mois, une semaine. Non, non, m’a-t-elle dit ; je serai prête à le voir tantôt. Qu’il vienne. Je me sens la tête assez bien. Qui sait si je ne serai pas plus mal demain, ou dans une semaine ?

Camille est rentrée. On lui a demandé