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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/367

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du Chev. Grandisson.

dans quel état elle avoit laissé sa Maîtresse. Elle nous a dit qu’elle l’avoit trouvée fort pensive, mais l’esprit vif & agité ; qu’elle paroissoit remplie de la visite qui s’approchoit, & que depuis une demie-heure, elle avoit demandé trois fois si le Chevalier étoit arrivé ; qu’elle relisoit souvent ce qu’elle avoit écrit ; qu’elle le mettoit sur sa table & le reprenoit ; que se levant quelquefois, elle se promenoit un moment dans sa chambre, tantôt avec un air de dignité, tantôt la tête panchée ; que pendant la derniere heure elle avoit plusieurs fois pleuré ; que dans d’autres momens elle soupiroit : qu’elle n’étoit pas contente de son habillement ; qu’elle avoit voulu d’abord être en noir, puis en couleur ; qu’ensuite elle avoit demandé une robe bleue & argent, & qu’elle s’étoit déterminée enfin pour un satin blanc tout uni. Elle paroît un ange dans cette parure, a conclu Camille ; mais qu’il seroit à souhaiter que ses yeux & ses mouvemens fussent un peu plus composés !

Je prévois de la difficulté pour vous, m’a dit le Prélat. Toutes ces agitations marquent encore quelque désordre. Cependant, si proche d’une entrevue, qui doit finir par une déclaration en votre faveur, elles font juger combien son cœur est intéressé à cet événement : Puisse-t-il faire votre bonheur & le sien !

Je ne crains rien pour le bonheur de ma Fille, a dit la Marquise, dans tout ce qui