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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/369

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du Chev. Grandisson.

m’a dit en peu de mots : je crois qu’elle sera plus satisfaite, que je vous laisse seul avec elle. Je ne m’éloignerai point. Camille me tiendra compagnie dans la chambre voisine.

En entrant dans la chambre, j’ai trouvé Clémentine à sa toilette, mais abîmée dans ses méditations, & la tête appuyée sur sa main. À ma vue, un charmant vermillon s’est répandu sur ses joues. Elle s’est levée, elle m’a fait une profonde révérence, elle s’est avancée de quelques pas vers moi ; mais elle paroissoit tremblante, & ses regards étoient incertains.

Je me suis approché d’elle. J’ai pris respectueusement sa main des deux miennes, & je l’ai pressée de mes levres. Ah ! Chevalier, m’a-t-elle dit, en détournant un peu le visage, mais sans retirer sa main. Elle n’a rien ajouté ; & comme retenue par l’embarras de s’expliquer, elle a poussé un soupir.

Je l’ai conduite à sa chaise. Elle s’est assise, en continuant de trembler. Que je remercie le Ciel, ai-je dit, en penchant la tête sur ses deux mains, que je tenois dans les miennes, de me faire voir cet heureux changement dans une santé si chere : Puisse-t-il achever son ouvrage !

Heureux vous-même, m’a-t-elle répondu ; heureux, du pouvoir qui vous est donné d’obliger, comme vous l’avez su faire ! Mais comment… comment pourrai-je… Ô Monsieur ! vous savez les mouvemens qui n’ont pas cessé de déchirer mon cœur,