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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/370

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Histoire

depuis que… j’oublie depuis quand… Ô Chevalier ! le pouvoir me manque… Elle s’est arrêtée. Elle a pleuré. Elle a comme perdu la force de parler.

Il est en votre pouvoir, Mademoiselle, de rendre heureux ce même homme, à qui vous attribuez des obligations, dont vous êtes déja plus qu’acquittée.

Je me suis assis près d’elle, au signe qu’elle m’en a fait.

Parlez, Monsieur. Il se passe de grands mouvemens dans mon Ame. Dites-moi, dites-moi, tout ce que vous avez à me dire. Mon cœur (en y portant la main) est serré dans sa prison ; je crois sentir qu’il manque d’espace. Cependant, le pouvoir de s’expliquer lui est refusé. Parlez, & je vous écouterai en silence.

Toute votre Famille, Mademoiselle, est réunie dans le même sentiment. Il m’est permis de vous ouvrir mon cœur. Je me promets d’être entendu avec bonté. Le Pere Marescotti me favorise de son amitié. Les conditions sont celles que j’ai offertes, en partant pour l’Angleterre.

Elle a panché la tête, & son attention sembloit redoubler.

De deux années l’une, je serai heureux avec ma Clémentine, en Angleterre…

Votre Clémentine, Monsieur ! Ah, Chevalier ! [Elle a tourné la tête, en rougissant.] Votre Clémentine, Monsieur ! a-t-elle répété ; & j’ai cru voir un air de joie sur