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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/377

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du Chev. Grandisson.

me convienne, celui de m’enfermer dans un Cloître. Qu’il me soit permis de consacrer au Ciel le reste d’une vie, dont je ne craindrai plus que la durée soit trop longue, occupée à prier pour vous, & pour la conversion de l’homme qui sera toujours cher à mon ame ! Qu’est-ce donc que cette petite portion du monde qui m’appartient par la disposition de mes Grands-Peres ? Et de quel poids est-elle dans la balance de mon salut éternel ? Qu’il me soit permis de tirer une noble vengeance des cruautés de Daurana ! Je lui abandonne un bien que je méprise, & dont je me prive volontairement pour un sort plus heureux. Toute ma Famille n’est-elle pas riche & noble ? Quelle plus glorieuse voie pour me venger ?

» Ô toi, qui possedes mon ame ! Laisse-moi faire l’essai de la tienne, & mettre ton amour à l’épreuve, par tes efforts pour soutenir & fortifier une résolution qu’il sera toujours en ton pouvoir, je le confesse, de me faire violer ou remplir. Dieu connoît seul ce que tous ces combats m’ont coûté, & ce qu’ils me coûteront encore. Mais avec une santé affoiblie, avec un cerveau blessé, puis-je me promettre une longue vie ? Et ne tâcherai-je point d’en rendre la fin plus précieuse ? Permets que je sois grande, mon Chevalier ! Cependant avec quelle douce complaisance je te donne un nom si cher ! Tu peux tout faire de la malheureuse Clémentine.