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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/376

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Histoire

Tu es la grandeur même ; tu es capable de l’effort qu’elle n’a pu soutenir. Fais le bonheur de quelque autre Femme ! Mais je ne pourrois supporter que ce fût une Italienne. Si c’en devoit être une, ce ne seroit pas Florence, mais Boulogne, qui te l’offriroit.

» Ô Chevalier Grandisson ! comment vous présenter cet Écrit, qui m’a coûté tant de larmes, tant d’étude, que j’ai changé, revu, transcrit tant de fois, & que je mets encore une fois au net, dans l’intention de vous le faire lire ? Je doute réellement que je le puisse, & je ne le ferai point sans avoir essayé mes forces dans une conversation particuliere avec vous.

» Vous, mon Pere ! ma Mere ! mes Freres ! & vous, mon cher & pieux Directeur ! vous m’avez aidée par votre généreuse indulgence, à remporter sur moi-même une partie de la victoire. Vous avez fait céder votre jugement au mien. Vous m’avez dit que je serois heureuse, si je pouvois l’être par le choix de mon cœur. Mais ne vois-je point que je n’en ai l’obligation qu’à votre complaisance ? Cesserai-je jamais de me rappeler les raisons que vous avez opposées tant de fois à cette alliance avec le plus noble des hommes, toutes fondées sur la différence de ma Religion, & sur l’opiniâtreté qui l’attache à la sienne ? Ce souvenir me permettra-t-il jamais d’être heureuse ? Ah ! chere & respectable Famille, laissez-moi la liberté d’embrasser le seul parti qui