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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/39

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du Chev. Grandisson.

me souffrez-vous un moment devant vos yeux ?

Je recommencerai donc à deviner. Un homme, apparemment, de naissance royale, d’un génie supérieur, au-dessus de vos espérances.

Ô Madame ! Et ne devineriez-vous pas aussi quelque Prince Mahométan, tandis que votre esprit se donne carriere ?

Non, Mademoiselle ; mais je prends droit de cette ouverture même : & ne doutant point que ma chere Clémentine n’ait de l’amour, je suis persuadée que la Religion fait toutes ses difficultés. Les Catholiques zélés, n’ont pas meilleure opinion des Protestans, que des Sectateurs de Mahomet ; & quoique Protestante, j’avoue que les personnes de ma secte ont aussi leurs préjugés. Le zele est toujours zele, quelque forme & quelque nom qu’il puisse prendre. On m’a dit qu’un jeune Avanturier avoit fait le passionné pour Clémentine…

Un aventurier, Madame ! (d’un air de dédain.) Ne me croyez jamais capable…

N’en parlons donc plus. J’ai entendu nommer aussi un jeune Seigneur Romain, un Cadet de la Maison de Borghese… Supposerai-je que c’est lui ?

De tout mon cœur, Madame. (Elle étoit à l’aise pendant qu’elle me croyoit éloignée de la vérité.)

Mais si le Chevalier Grandisson, (ce nom l’a fait rougir), lui a rendu de mauvais offices…