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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/392

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Histoire

l’excès de ma peine. Je suis sûre d’avoir excité sa compassion. Si je puis lui remettre seulement mon Papier, disois-je, les difficultés sont vaincues : je suis sûre, presque sûre, que voyant mes scrupules & la droiture de mes intentions, il aura la générosité d’aider lui-même à mes efforts. Je lui ai donné mon Écrit. À présent, Madame, je suis réellement persuadée que si je puis m’en tenir à ce qu’il contient, & me garantir du reproche d’ingratitude, j’aurai l’esprit plus tranquille. Cher & généreux Grandisson (en se tournant vers moi,) lisez encore une fois mon papier : alors, si vous ne voulez pas, ou si vous ne pouvez me laisser libre, j’obéis à ma Famille, & je sers autant qu’il m’est possible à votre bonheur. En finissant, elle a levé les mains & les yeux vers le Ciel : grand Dieu ! a-t-elle ajouté, je te remercie de cet instant de raison.

Quelque opinion que la noble Enthousiaste eût de la sérénité de son esprit, j’ai cru lui remarquer trop d’agitation, & l’air de ses yeux m’a fait craindre une rechute. Le combat de sa raison & de son amour n’avoit pu manquer de causer quelque désordre. Je me suis approché d’elle. Admirable Clémentine ! lui ai-je dit avec transport, soyez libre ! Quelle que puisse être ma destinée, soyez pour moi tout ce que vous voulez être. Si je vous vois heureuse, je m’efforcerai, s’il est possible, de le devenir.

Cher Grandisson, m’a dit le Prélat en me