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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/393

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du Chev. Grandisson.

saisissant la main, que je vous admire ! Où prenez-vous cette merveilleuse grandeur ?

Eh ! comment un si grand exemple ne m’inspireroit-il pas de l’émulation ? Il n’est point entré d’intérêt dans les vues qui m’ont ramené en Italie. Je me suis cru lié par les anciennes conditions ; mais, dans mes idées, Clémentine & sa Famille ont toujours été libres. J’ai conçu des espérances, lorsqu’on m’a fait l’honneur de les approuver ; je rentre aujourd’hui, quoiqu’avec un profond regret, dans ma premiere situation. Si Clémentine persiste dans ses idées, je ferai mes efforts pour m’y soumettre. Si ses dispositions changent, je me tiendrai prêt à recevoir sa main, comme le plus grand bonheur auquel je puisse aspirer.

La Marquise, prenant à la fois la main de sa Fille & la mienne, a fait de tendres plaintes au Ciel, de la difficulté d’unir deux cœurs qui avoient tant de ressemblance. Ne me retenez point, maman, lui a dit Clémentine, en retirant assez vivement sa main. Laissez-moi remonter à ma chambre, pour y demander au Ciel qu’il conserve ma force, après la peine qu’il m’en a coûté pour l’obtenir. Adieu, adieu Chevalier. Je vais prier pour vous, comme pour moi-même.

L’Ange est sortie. Elle a rencontré sa Femme de chambre. Chere Camille ! lui a-t-elle dit, de quel danger me vois-je échappée ! Ma main & celle du Chevalier ont été plus d’une minute dans celles de ma Mere !