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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/404

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Histoire

LETTRE LXXXII.

Miss Byron à Mylady G…

Au Château de Selby, 11 d’Août.

Vous dire, ma chere Mylady, ce que je pense des Lettres que vous avez la bonté de m’envoyer par un Exprès ! Il m’est plus aisé de vous apprendre ce qu’en disent ici mes Amis. Ils croient y trouver un sujet de félicitation pour moi. Mais puis-je me féliciter moi-même ? Puis-je recevoir leurs félicitations ? Une Clémentine ! Un Ange, plus digne mille fois de Sir Charles Grandisson qu’Henriette Byron ne peut jamais l’être. Qu’elle est grande, & que je suis petite, à mes yeux ! Elle ne peut manquer d’être à lui. Elle sera sa Femme. Elle doit l’être. Elle changera de résolution. Votre Frere si constant dans ses soins ! Elle, si vivement pressée par l’amour ! Elle !… Qui se flattera jamais d’obtenir place dans le cœur de Sir Charles après elle ? Mon orgueil, ma chere, est absolument évanoui. Moi ! Que toute autre femme doit lui paroître abjecte, lorsqu’il pense à sa Clémentine ! Et puis qui pourroit se contenter de la moitié d’un cœur ? La moitié, c’est trop dire, s’il rend justice à ce prodige de Femme. Ma consolation, lorsque je l’ai regardé comme perdu pour moi, a