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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/434

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Histoire

vie. Je souhaite que vous vous souveniez de moi avec la même tendresse. Ma vie ne peut être longue : ainsi, pour céder à vos desirs & à ceux d’une chere Famille, je suspendrai les vues que j’avois pour le Cloître. Il me reste l’espérance de vous voir en Angleterre, dans l’heureux état dont j’ai parlé ; surtout, ensuite à Boulogne. Je vous croirai de ma Famille. Je me croirai de la vôtre. Dans ces suppositions, dans ces espérances, j’ai la force de consentir à votre départ. Si je vis, c’est une absence de peu de mois. N’ai-je pas soutenu assez bien la derniere ? Je vous laisse donc, Monsieur, le choix que vous m’avez offert. Nommez vous-même le jour. Votre Sœur Clémentine vous rend à vos Sœurs & aux siennes. Ô Monsieur ! (en levant les yeux sur moi, & remarquant sur mon visage une émotion que je m’efforçois de cacher) ! que votre cœur est tendre ! Qu’il est sensible à la pitié !… Mais nommez-moi votre jour. Ce banc, dans l’éloignement où vous serez bientôt, sera consacré au souvenir de votre tendresse. Je le visiterai tous les jours. L’ardeur de l’Été, le froid de l’Hiver, ne m’y feront pas manquer.

Le mieux, admirable Clémentine ! le plus sûr pour l’un & l’autre, ou du moins pour moi, c’est que le temps ne soit pas remis bien loin. Permettez que ce soit Lundi… Dimanche au soir, après avoir passé tout le jour à implorer le Ciel pour la santé, pour le bonheur de ma chere Clémentine, de