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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/433

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du Chev. Grandisson.

Je vous rends graces, Monsieur, (en m’interrompant) ; mais ne vous ai-je pas dit que j’ai de l’orgueil, Chevalier ? Ah, Monsieur, vous l’avez découvert il y a long-tems. L’orgueil fait plus pour une Femme, que la raison. Asseyons un moment, & j’acheverai de vous faire connoître mon orgueil. Elle s’est placée sur un banc voisin, & me faisant asseoir près d’elle : Je vais parler à ces arbres, m’a-t-elle dit, en se tournant vers les Myrthes qui nous couvroient. « Le Chevalier Grandisson sera-t-il informé de toute ta foiblesse, Clémentine ? Sa compassion le ramenera-t-elle de son Pays pour te fortifier ? Après avoir pris, par le secours du Ciel, une résolution digne de ton caractere, douteras-tu si tu es capable d’y persister, & lui donneras-tu lieu de croire que tu en doutes ? Consentira-t-il encore à d’officieuses absences, pour faire l’essai de ta force ? & succomberas-tu dans l’épreuve ?… Non, Clémentine. »

Ensuite se tournant vers moi, mais les yeux baissés ; je renouvelle, Monsieur, tous mes remercimens pour la généreuse compassion dont vous m’avez donné tant de preuves. Ma triste situation m’y donnoit peut-être quelque droit. J’y reconnois la main du Ciel, qui a peut-être voulu punir mon orgueil, & je m’y soumets. Je reconnois même, sans honte, l’obligation que j’ai à votre pitié, & j’en conserverai un tendre souvenir jusqu’au dernier instant de ma