Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
Histoire

faste, sans ostentation. Dans quelque lieu qu’il paroisse, il est recherché des sages, des bons, de tout ce qu’il y a de gens distingués par les sentimens & les lumieres. Il exerce le bien, sans distinction d’états, de Sectes & de Nations. Ses compatriotes même font gloire de son amitié ; ils s’en servent pour établir leur crédit dans leurs voyages & dans leurs affaires, sur tout en France, où il n’est pas moins respecté qu’en Italie. Il est descendu des meilleures Maisons d’Angleterre par les deux lignes du sang, & fait pour les premiers honneurs dans sa Patrie lorsqu’il y voudra prétendre. Je suis informée qu’on lui en offre déja quelques-unes des plus illustres Héritieres. S’il n’étoit pas né pour la fortune, il s’en feroit une à son gré. Vous convenez qu’il est généreux, brave, d’une figure charmante…

Ô chere, chere Madame Bemont ! C’est trop, c’est trop !… Cependant, je le reconnois à chaque trait de cette peinture. Il m’est impossible de vous résister plus long-tems. J’avoue, j’avoue, que je n’ai un cœur que pour M. Grandisson. À présent, comme je ne doute point que ce ne soient mes Parens qui vous ont chargée de tirer cet aveu de ma bouche, comment soutiendrai-je leurs regards ? Je ne puis désavouer que vous ne m’ayez arraché mon secret de bonne grace, & sans condition ; mais qu’ils sachent, du moins combien j’ai combattu contre une passion que je me reproche, &