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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/53

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du Chev. Grandisson.

Camille même se retira lorsqu’elle m’eut ouvert la porte. Clémentine étoit debout, derriere le fauteuil de sa Mere. Elle étoit mise dans le meilleur goût ; mais sa modestie naturelle, relevée par une aimable rougeur qui paroissoit venir des circonstances, lui donnoit plus d’éclat qu’elle n’en pouvoit tirer de la plus riche parure. La Marquise se leva. Je m’empressai de baiser sa main. Elle me félicita de mon retour. Elle me dit, vous êtes le seul, Chevalier, le seul de tous les hommes à qui je puisse faire ce compliment avec bienséance ; & se tournant vers sa fille : Clémentine, ma chere, vous ne dites rien au Chevalier ? La charmante Clémentine tenoit les yeux baissés, avec quelques marques d’altération sur son teint. La voix lui manque, reprit cette indulgente Mere, mais je vous réponds de ses sentimens.

Jugez, cher Docteur, combien je dus être touché d’une si flatteuse réception, moi qui ne savois point encore ce qu’on avoit à m’ordonner. Épargnez-moi, chere Marquise, dis-je en moi-même ! N’exigez rien qui blesse mes principes, & prenez pour vous le monde entier, avec toute sa gloire & ses trésors, je serai assez riche si vous m’accordez votre Clémentine.

La Marquise plaça sa Fille dans son propre fauteuil. Je m’en approchai. Mais quel moyen de me livrer à ma reconnoissance, lorsque j’étois combattu par mes craintes ?