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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/57

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du Chev. Grandisson.

lever les yeux. Il répondit avec un profond soupir, c’est ce que j’avois prévu.

Pourquoi, me dis-je à moi-même, pourquoi m’a-t-on permis de voir cette excellente Mere, cette charmante Fille, avant que de m’avoir fait l’ouverture des conditions ? Quels Parens, cher Docteur ! Quelle indulgence ! Et le monde a-t-il rien de comparable à leur Clémentine ? Cependant ils ne sont pas heureux ! Mais je crois l’être encore moins, moi qui essuierois plus volontiers les dédains de vingt femmes, que de me voir forcé de refuser les offres d’une Famille à laquelle je dois tant de respect & d’attachement.

On vint m’avertir que l’Évêque souhaitoit me voir dans une Salle voisine. Je demandai la permission de me rendre à ses ordres. Après quelques explications, il me déclara ouvertement ce qu’on attendoit de mes sentimens pour Clémentine, & de ma reconnoissance pour la Famille. Je ne m’étois pas trompé dans mes craintes : mais quoique j’eusse prévu cet étrange dénouement, la force me manqua pour lui répondre. Il reprit : vous ne dites rien, mon cher Grandisson ! Vous hésitez ! Quoi ? Monsieur, la Fille d’une des premieres Maisons d’Italie, une Clémentine, avec une dot qui feroit l’ambition d’un Prince, n’obtiendroit que le refus d’un simple Gentilhomme, d’un Étranger dont la fortune est encore dépendante ? Est-il possible, Monsieur, que