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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/59

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du Chev. Grandisson.

qu’un Particulier, mais dont la naissance n’avoit rien de méprisable, si l’on pouvoit tirer quelque considération d’une longue suite d’Ancêtres, lorsqu’on n’a point à se reprocher de les avoir déshonorés. Mais, Seigneur, ajoutai-je, que servent les Ancêtres à la vertu ? Je ne connois point d’autre guide que mon propre cœur. Mes principes étoient connus avant qu’on me fît l’honneur de me rappeller. Vous ne me conseillerez pas d’y renoncer, aussi long-temps que j’attacherai mon honneur à les suivre.

Il reprit d’un ton plus modéré : Vous ferez là-dessus d’autres réflexions, mon cher Chevalier, & je vous prie seulement d’observer que vous vous échauffez à votre tour. Mais vous êtes un homme estimable. Nous souhaiterions tous, comme ma Sœur, de vous voir parmi nous. Un Prosélyte tel que vous justifieroit tout ce que nous méditons en votre faveur. Pensez-y, cher Grandisson. Cependant que personne ne sache dans notre Famille, que vous avez besoin d’y penser, & que ma Sœur, sur-tout, l’ignore éternellement. Ce qu’elle aime en vous, c’est votre ame. De-là vient l’ardeur avec laquelle nous encourageons une passion si pure & si noble.

Je l’assurai que mon regret étoit au-dessus de toutes mes expressions, & que pendant toute ma vie, je respecterois sa Famille par d’autres motifs que sa noblesse & sa grandeur.